Voici mon Histoire...
Vous savez, il est des choses qui nous arrivent à tous. Parfois, vous faites des choses qui vous font penser que vous auriez préféré ne jamais sortir du ventre de votre mère. Eh bien ce fut mon cas. Oh, je n’avais fait aucune bêtise, en fait, la seule erreur que j’avais commise avait été de respirer. Aujourd’hui je ne le regrette plus bien sûr… Mais sur le coup, lorsque l’air s’est infiltré en moi, ça a eu l’effet d’un déchirement. Je pense que j’ai jamais eu tellement mal à la gorge qu’après mes cris encombrés de larmes de ce jour là… Ah… Voix si douce d’un bébé bien portant avant ses petites jambes gesticulant en tous sens.

Je n’ai jamais été mal élevé, mal aimé, mal entouré… Et ce depuis la crèche. Ma mère a d’ailleurs eu beaucoup de mal à m’y placer, trouvant toutes les peines du monde à lâcher son fils chez ce qu’elle appelait le territoire indien en raison des peintures qui badigeonnaient les enfants durant leurs séjours là bas. Et pourtant, avec un travail en tant qu’infirmière à plein temps dans un hôpital important de Fuzhou, elle n’avait pas le choix si elle voulait garder sa place. Et Dieu sait ô combien elle le voulait. Son mari, lui, était le gérant d’une maison de disque assez célèbre, il avait donc un boulot assez énorme et n’avait guère plus de chance de garder son boulot en veillant sur son fils que sa femme n’en avait. Donc, le civilisé devint indien, comme sont sensés l’être tous les petits enfants de ce si jeune âge qu’était alors le mien.

A dix ans à peine, je montrais déjà des prédispositions pour la danse et les arts martiaux. Mon père était dans un de ces états de ravissement lorsque je faisais mes mouvements… Et ma mère adorait me voir danser… Mais là où j’excellais n’était ni dans l’un, ni dans l’autre, en fait j’avais une tête qui avait les capacités requises pour devenir interprète. Et oui, avec moi, les langues n’étaient plus un problème, à dix ans je maîtrisait à merveille le chinois, ma langue maternelle, et je babillais un peu de coréen, de japonais et d’anglais. Impressionnant? Non, pas vraiment, avec la maison de disques de mon père, on avait souvent affaire à des artistes étrangers alors je ne pouvait pas manquer de pratique, je les entendais parler, captais les cours qu’ils recevaient et de là, je parvins à moi-même dresser des colonnes de vocabulaire dans ma petite caboche d’indien de nouveau sur le chemin de la civilisation.

Ah et mon Dieu, ce que je put grandir vite? Je me souvins de douleur dans les genoux et dans le dos… Qui ne durèrent pas longtemps. En plein dans ma quinzième année, j’atteignis cette taille qu’est désormais la mienne, quatre ans plus tard, je n’ai en effet pas grandi d’un pouce… Oh mais je ne m’en plein pas vraiment. En tous cas, maintenant je ne m’en plains plus, à cette époque, j’étais intarissable sur le fait d’ô combien les filles grandissaient plus vite que moi et que tous les garçons de ma classe me regardaient comme si j’étais un gamin de cinq ans. Mais il changea tout… Ah… Adolescence. Où les hormones masculines sont en effervescence, bouillonnant en vous comme des milliers de petites bulles dans une casserole de lait. Il ne m’en fallut que peu alors pour tomber amoureux de mon meilleur ami, le genre très grand et très fort. Qui me battait d’ailleurs toujours au basket… Mais je devais vraiment ne pas lui en vouloir pour tomber amoureux de lui si… Pitoyablement.

Car en effet, mon amour faisait pitié, je m’écrasais souvent à son profit, le défendait au mépris de ma propre fierté et prenait les engueulades des profs… Rien de très joyeux… Mais au final, si je suis encore vivant aujourd’hui, je suppose que c’est grâce à lui. Car alors que je venais de lui faire une déclaration choquante sur mes sentiments et que je m’empressais de me jeter à la rue pour la traverser, monsieur m’a plaqué contre le trottoir, me dérobant ainsi à un destin que peu m’auraient envié… Mais il ne m’aimait pas… Il aimait cette fille au fond de la classe, cette stupide française au nom imprononçable. A ce jour je pense que le français est la seule langue de laquelle je ne veux pas entendre un mot…

Ah… Mais de mes malheurs, cette mésaventure amoureuse fut la moindre… Une petite choupette vit le jour alors que je venais d’avoir dix-sept ans. Une petite choupette absolument adorable qu’était ma sœur cadette. Mais qui veut une naissance veut un décès. Pourquoi dans la même famille? Qui sait? Toujours est-il que ma mère mourut dans son sommeil, suite à l’épuisement et à une perte de sang trop importante, une heure après avoir mis à bas un petit ange de beauté.

Ne pouvant abandonner ma sœur à mon père qui, loin d’être méchant, était incapable de faire cuire une omelette sans mettre le feu à la cuisinière, j’ai décidé ce jour là que je serais sa mère. Et chaque jour, j’étais celui qui l’emportait avec moi à l’école, la gardant avec moi quoiqu’on en dise, ne pouvant me détacher d’elle que pour prendre note de mes cours, toujours à la chouchouter telle la princesse qu’elle était. Mais avec la triste mort de ma mère me vint ma plus grande phobie, la peur de dormir. En effet, elle était morte dans son sommeil alors pourquoi pas moi? Je fus incapable dès lors de m’endormir seul, je dormais dans la même pièce que ma cadette, ayant déplacé mon futon à même le sol de sa chambre, présentant comme excuse à mon père le fait que j’avais peur qu’elle ne soit malade de la nuit.

Et étonnement, cette excuse marcha, je put continuer à veiller ma jeune sœur jusqu’à ce que mon père soit appelé à déménager. En Corée, il emmena le reste de sa petite famille, déléguant ses affaire à des subordonnés de confiance. J’avais dix-neuf ans en arrivant dans ce pays étranger et grâce à mon étrange « talent », je pus vite dénicher une école afin de poursuivre mes études, et une nounou afin de garder ma sœur à domicile car ici, hors de question de faire de ma princesse une sauvage aux yeux des autres, elle ferait l’indienne chez nous et apprendrait plus tard à ses amis d’école l’art de se peinturlurer en beauté!

Aujourd’hui, je n’ai pas changé, je suis toujours aussi anti-français, je ne peux pas entendre un mot sonnant comme leur langue sans avoir cette envie irrépressible de remettre mon déjeuner quant à ma peur de dormir seul, elle est plus forte que jamais, je dois savoir que les gens avec qui je dors ne m’abandonneront pas en pleine nuit, c’est vital pour moi.

Voilà à quoi je ressemble...
Fin? Oui, je sais, je suis même peut être trop fin… En fait je mesure un mètre soixante-douze et je pèse seulement une toute petite soixantaine de kilos… Bon d’accord, en fait j’en fais cinquante-six mais pour quatre malheureux kilos… Cela fait de moi quelqu’un de très fin… Pourtant, on ne peut vraiment pas dire que je le recherche, je mange comme quatre… Je ne lésine pas sur les sauces… Je suis un bon vivant. Alors pourquoi moi?! Enfin soit… Donc cette silhouette au-delà de la finesse ne me permet pas de m’habiller comme je le veux, il arrive que j’aille chercher mes jean dans le rayon féminin et mes hauts sont en général faits sur mesure ou bien si j’ai de la chance, je peux tomber sur la taille « mini » dans le rayon homme. Ma silhouette, si elle est assez longiligne, n’en est pas moins appréciable puisque grâce à des cours de danse, j’améliore de jour en jour ma grâce et ça se répercute sur ma façon de me mouvoir dans la vie de tous les jours. Bon, je ne fais pas non plus un remake du lac des signe en allant simplement chercher du pain mais il est dans le balancement de mes hanches quelque chose d’inhabituel et d’agréable à voir.

Mon visage fin est celui de la plupart des chinois. D’abord mes cheveux, que je coupe en général assez court de façon à y « glisser un pétard » durant la nuit, cette coiffure qui contraste un peu avec mon être me va à ravir, je ne peux moi-même le nier, un peu défait et qui s’accorde pourtant avec mon visage asiatique. Leur couleur est un brun sombre mais pas noir, je dirais brun chocolat aux noisettes… Sans les noisettes bien sur… Mes oreilles sont celles de n’importe qui, bien attachée à ma tête, pas décollée pour deux sous, percées au niveau des lobes uniquement. Mes yeux sont bridés, dotés de deux pupilles noires sombres où la pupille se fond tellement bien dans l’iris que les distinguer est un amusement assez ardu pour mes interlocuteurs. Mes paupières tombent légèrement, me donnant parfois l’air un peu fatigué. Mon nez est très fin, très droit, à l’image de celui de mon père, il n’a rien de spécial quant à mes lèvres, elles sont fines et il est rare de les voir sans un sourire.


Voilà ce que je suis...
Je suis une maman… Oui oui, une maman dans l’âme. En fait, mon principal trait de caractère doit sans nul doute être ma douceur exemplaire. Je suis une personne dont les gestes et les paroles seront toujours dirigés de façon à ne blesser personne, à accompagner l’égo de la personne à laquelle je m’adresse. Je suis du genre patient et serein également, je n’ai pas besoin que les gens soient à mon écoute immédiate, je n’ai même pas besoin qu’ils le soient tout court, tant qu’ils sont heureux. Grâce à cela, je suis un baby-sitter renommé partout où je vais. Les gens ont tendance à m’apprécier grâce à ce calme doux qui émane de ma personne, cette gentillesse paisible qui cache beaucoup de choses… Mais attention, je suis loin d’être hypocrite ou faux avec les gens auxquels je montre ce visage, je SUIS comme ça… Simplement, il est assez rare de voir une personne avec un passé comme le mien être comme je le suis avec les autres…

J’aime rire également, ça n’est pas parce que l’image première qu’on a de moi est celle d’un type sérieux au possible que je dois forcément être coincé. En fait, j’aime beaucoup m’amuser, je suis du genre à rire beaucoup et pour peu de choses, en fait vous ne me verrez sans doute jamais de votre vie sans adopter un air souriant et avenant. J’aime les rencontres, je suis d’une sociabilité qui en deviendrait d’ailleurs presqu’effrayante par moments. Mais je ne cherche pas à me faire aimer pour autant. Il est dans ma nature d’aimer sourire et faire la fête, je ne tiens par contre absolument pas l’alcool. C’est sans doute la plus grosse faiblesse qu’un fêtard peut avoir et forcément, celle la aussi elle a été pour ma pomme. Heureusement, je ne suis pas un buveur inconditionné et habitué, c’est sans doute pour ça que mon organisme n’assimile pas ces degrés qui narguent mes neurones dès que le liquide est avalé. Mais lorsque j’ai bu, on ne peut nier que je sois encore plus drôle que d’ordinaire, je suis du genre à y perdre toute pudeur dans mes mots et mes actes.

Mes les ombres au tableaux sont assez flagrantes, par exemple, je suis plutôt jaloux en amours, si vous ne me croyez pas, prenons pour exemple mon refus de la langue française: c’était par amour à sens unique… Eh bien n’est-ce pas un bon exemple? Je n’aime pas voir la personne que j’aime se pavaner avec une ou un autre, cela m’horripile et si je n’entre pas dans une colère noire, j’ai mes moyens de le faire remarquer. J’ai une tendance à la prévention exagérée également, ma sœur en fait les frais actuellement, mon père également, en tant que femme de notre logis, dès que je suis à la maison, je prends garde à faire moi-même les choses dangereuses, à préparer le repas de mon père le matin soigneusement et à empêcher ma sœur de sortir s’il fait moins de 20 degrés au dehors. Mais c’est sans doute à cause de mon attachement envers ses personnes car mes amis normaux ne sont pas tant victimes de ce trait spécial de caractère.